samedi 19 mars 2016

Belles lectures empruntées


QUATRE ROMANS DE LA BIBLIOTHÈQUE

Depuis le début de l'année, j'ai emprunté et lu une vingtaines de livres à la bibliothèque, et une dizaines d'entre eux m'ont vraiment plu. 
Parmi cette sélection, je veux parler dans ce nouvel article de quatre romans, ceux qui m'ont le plus marquée et que j'ai le plus apprécié. Chacun d'un genre différent, je les ai dévorés de la même façon. 







        
  • Lu en janvier 2016
  • Derniers jours, écrit par Adam NEVILL
  • Editions Bragelonne - Roman POLICIER
  • 451 pages
"Quand Kyle Freeman, réalisateur indépendant, est chargé de réaliser un documentaire sur une secte oubliée, il y voit un moyen de rembourser ses dettes. Le Temple des Derniers Jours, basé dans le désert d'Arizona et dirigé par un gourou à la réputation sulfureuse, a connu une fin sanglante. Pourtant, les rumeurs vont encore bon train sur les pratiques déviantes et les expériences paranormales du groupe. Bientôt, une série de phénomènes inexpliqués s'abat sur la production. Visites nocturnes troublantes, disparitions soudaines et découvertes d'atroces artefacts, le tournage vire au cauchemar."



J'ai beaucoup aimé ce roman. J'ai aimé l'atmosphère, la précision et le réalisme du récit. J'ai aimé le tournage du documentaire, tous les voyages et l'enquête de Kyle et Dan en compagnie des derniers membres de la secte. J'avais l'impression de regarder l'un de ces films de chasseurs de fantômes, ou l'un de ces documentaires sur de terribles faits divers. Ces histoires captivent toujours, malgré leur noirceur. 
L'intrigue de ce roman est très élaborée. On pourrait reprocher au récit d'être un peu trop lent, beaucoup trop détaillé, et bourré de répétitions. Malgré tout, je ne me suis pratiquement pas ennuyée.
Les personnages manquent quelque peu de substance, de profondeur. Ils servent surtout l'histoire. Les témoins que Kyle et Dan interviewent sont finalement plus intéressants et développés que les protagonistes. 
Ce roman est emprunt de mystère, de surnaturel, de détails glauques ou effrayants (A ne pas lire la nuit, donc!), mais c'est un vrai régal, un véritable page-turner. Notre envie de savoir la suite, de connaître la réponse à nos questions, la vérité sur tout l'histoire, tourne vite à l'obsession.


         
  • Lu en février 2016
  • A la grâce des hommes, écrit par Hannah KENT
  • Editions Presses de la Cité - Littérature Anglo-Saxonne
  • 395 pages
Cette histoire, inspirée de faits historiques réels, se passe en Islande au XIXe siècle. Agnes Magnúsdóttir, servante, est condamnée à mort après l'assassinat de deux hommes, dont son amant. Dans l'attente de l'exécution, elle doit purger sa peine dans une ferme de sa région natale et sous la surveillance de la famille qui y vit.
 Le père de famille, sa femme et leur deux filles en âge d'être mariées sont très récalcitrant à l'idée de devoir cohabiter avec une meurtrière, et ils vont tout mettre en oeuvre pour ne pas établir le moindre lien avec la criminelle. 
Dans cette Islande aux hivers vigoureux, et aux modes de vie rythmés par les saisons et les travaux dans les champs, la religion est très présente. Ainsi, un révérend est censé accompagner Agnès jusqu'à la mort pour lui permettre de se repentir et de s'assurer une place au paradis. La détenue choisi un jeune révérend, qui va tenter de faire son travail, malgré sa répugnance et son inexpérience, et malgré l'absence de piété d'Agnès. 
A sa demande, elle va pourtant accepter de raconter son histoire, et malgré tout ce qu'elle inspire aux habitants de la ferme, elle va marquer leur vie à jamais. 

Cette histoire est très émouvante. L'écriture est si fluide que le livre se lit tout seul, malgré la rudesse du contenu. Car ce que raconte ici Hannah Kent est poignant, cru de vérité, elle ne s'encombre pas de délicatesse ni de jolies formules pour camoufler la réalité de cette époque. Les personnages sont tous très attachants, et on a l'occasion d'avoir un aperçu de trois points de vue récurrents, celui d'Agnès, celui de la mère de famille, et celui du révérend. Au final, je trouve cette histoire belle, et le personnage d'Agnès incroyablement humble et fort. La fin est abrupte, et même après des heures, des jours, on continue de penser à l'histoire de cette femme.


         
  • Lu en mars 2016
  • Grâce, écrit par Delphine BERTHOLON
  • Editions Le Livre de Poche - Littérature Française
  • 304 pages
Comme chaque année, Nathan passe Noël en famille chez sa mère, avec ses enfants, des jumeaux, et sa sœur aînée Lise. Il garde un lien doux-amère avec cette dernière, qui s'amusait à le persécuter quand ils étaient enfants. 
A peine arrivé dans cette maison où il a vécu toute son enfance, et que sa mère refuse de vendre, Nathan sent quelque chose d'inhabituel. Le sapin de Noël n'est pas installé, et Grâce, sa mère, n'est même pas là pour l'accueillir, couchée dans sa chambre.
Les jours suivant vont confirmer cette impression, puisque des événements étranges vont troubler leur tranquillité. Des bruits sont entendus, des fenêtres sont brisées, et les jumeaux parlent d'une certain Tina, qu'ils voient dans leur chambre. Tout cela se passe en décembre 2010.
Les chapitres sont entrecoupés par des extraits d'un journal tenu par Grâce et qui date de 1981, alors que son mariage bat de l'aile et qu'elle est hantée par le passé et sa vieillesse inéluctable. Et comme toujours, le passé permet de répondre aux questions que soulève le présent.

J'ai été très agréablement surprise par ce livre. Je n'imaginais pas que l'intrigue allait prendre la tournure qu'elle prend, tout ce mystère, cette peur et ce sentiment d'étrangeté qui montent. Tout cela représente typiquement le genre d’atmosphère que j'aime!
L'alternance des points de vue, avec le journal de Grâce et la narration de Nathan, rend la lecture très dynamique. On découvre les informations au fur et à mesure comme Nathan, mais on a une longueur d'avance puisqu'on connait le passé par le biais de Grâce. C'est une gymnastique mentale qui permet au lecteur de réfléchir sur l'intrigue, de formuler ses propres hypothèses, mais l'auteur trouve tout de même le moyen de nous surprendre.
Si j'ai moins accroché au personnage de Grâce, pourtant très intéressant, j'ai adoré Nathan, qui est un personnage très doux et réfléchi, ainsi que Lise, malgré le tableau que nous dresse le frère sur sa sœur, malgré une certaine animosité, j'ai trouvé Lise très "forte"et particulièrement travaillée. 
Pour faire simple, c'est une histoire à suspens, qui remue le passé des personnages, leur maux, et qui tourne autour de l'amour, quelque soit sa forme.


         
  • Lu en mars 2016
  • Ce que j'étais, écrit par Meg ROSOFF
  • Editions Hachette, collection Black Moon - Young Adult 
  • 237 pages
Le narrateur est un jeune adolescent de seize an, nouvel élève dans un pensionnat, Saint-Oswald, en bord de mer. Après deux renvois, il atterrit dans cette école de la dernière chance, qui se targue de mater les garçons les plus indisciplinés, avec des conditions de vie particulièrement strictes : un régime alimentaire fade et uniquement nutritif, pas de chauffage, des professeurs soporifique ou tyrannique, des marathons dehors par tous les temps... Les élèves font la loi entre eux, et comme partout, c'est la loi du plus fort.
Le narrateur, dont on ne découvre le prénom qu'aux derniers chapitres, doit s'intégrer dans cette jungle qu'il ne connaît que trop bien, et éviter les embrouilles. Grand rêveur, le regard qu'il porte sur sa scolarité et son environnement est pessimiste, et très peu conciliant.
Il découvre un jour pendant une course qu'une cabane de pêcheurs, sur la plage inhospitalière à quelques kilomètres de l'école, est habitée par un garçon de son âge. Finn survit seul dans ces conditions difficiles qui font pourtant rêver notre narrateur fan de Robinson Crusoé, et il va rapidement devenir son idole. Le jeune pensionnaire va peu à peu sortir des sentiers battus pour tracer sa propre histoire. 

La plume de l'auteure est superbe. Le récit est fluide, détaillé, travaillé, l'atmosphère est toute particulière, teintée par la personnalité et l'humeur du narrateur. 
J'ai adoré cette lecture, qui m'a fait découvrir ce bout de terre anglaise rude, battu par les marées, la solitude et la débrouillardise de Finn, qu'envie tant le narrateur. Ce dernier est lui, au contraire, peu débrouillard, un peu maladroit, sensible derrière ses airs de dur à cuir. 
Il se sent incompris, et de ce fait, rejette tout et tout le monde, sa famille, ses camarades, ses profs, à l'exception de Finn, si mystérieux, qui représente tout ce qu'il désire.
Ce roman est un roman initiatique très réussi.